Le mois de février est là et avec lui, le Festival International des Jeux de Cannes et son avalanche de communications d’éditeurs qui rivalisent d’enthousiasme pour expliquer à quel point IL FAUT tester leurs incroyables nouveautés. Worldwide Games aurait pu se joindre au concert… sauf que non, pas cette année. Soyons tout à fait transparent : l’envie n’y est pas vraiment et après plusieurs semaines de réflexion, je préfère me ressourcer chez moi plutôt que de me plonger dans l’effervescence cannoise.
Les raisons de cette absence sont multiples et je m’en vais les énumérer.
Usure psychologique
La principale est probablement un phénomène d’usure assez important. Celui-ci s’est installé au fur et à mesure de l’aventure Worldwide Tennis. Ceux qui ont suivi de près la sortie de cette référence savent à quel point le projet fut chaotique : conception dans la douleur, promotion difficile du fait de la pandémie, campagne de financement un peu décevante, difficultés dans la production et l’acheminement… Pas grand chose ne nous aura été épargné. Et si je dois souligner que je suis extrêmement fier d’avoir surmonté ces obstacles pour publier le jeu de tennis dont je rêvais, cela aura aussi été au prix d’un investissement psychologique considérable. Sans compter qu’il faut continuer de gérer à côté tout ce qui ne se voit pas : la comptabilité, les déclarations fiscales, les demandes de SAV, les gens qui remplissent le pledge manager bien après la date butoir, les sollicitations d’auteurs… Tout cela demande une vigilance au quotidien alors qu’il s’agit d’une activité pratiquement bénévole : Worldwide Games a dégagé environ 600 € de résultat pour l’exercice 2021.
Je suis clairement arrivé à un stade où j’ai besoin de prendre un peu de recul. Je suis ressorti assez fatigué de cet épisode. J’ai d’ailleurs un peu délaissé les réseaux sociaux pour cette raison, tout comme je n’ai pas publié de traditionnel billet du nouvel an. Cela ne signfie pas que je vais abandonner cette activité, simplement que j’ai besoin de recharger les batteries et de retrouver toute ma motiation avant de me lancer dans autre chose.
Choix financier
Se déplacer à Cannes est un centre de coût important pour une petite maison d’édition comme la nôtre. La bonne tenue de Worldwide Football dans le temps et les premières ventes boutique de Worldwide Tennis nous permettent d’avoir un niveau de trésorerie qui nous autorise une relative sérénité. Mais nous sommes bien conscients que Worldwide Football n’est pas éternel et qu’il est assez peu probable que Worldwide Tennis ait la même carrière que son aîné pour ce qui est de la longévité. Les premiers chiffres de Worldwide Tennis constituent d’ailleurs pour nous une légère déception, c’est une perspective qu’il nous faut prendre en compte.
Dans ces conditions, le choix de faire l’impasse sur l’événement cannois pour cette année nous semble préférable. D’autant plus que notre actualité ne le justifie pas forcément.
Manque d’actualité
Malgré l’usure, malgré l’incertitude financière qui est la nôtre, nous continuons d’avoir des projets. Worldwide Rugby est probablement le prototype qui nous donne le plus satisfaction et si nous devions sortir un nouveau jeu de sport, il ne fait aucun doute que ce serait celui-ci. Mais sa sortie serait plutôt pour 2023 (coupe du monde oblige !). Dans un milieu dans lequel tout va toujours plus vite, communiquer dès maintenant serait sûrement un peu prématuré.
Entretemps, il est possible que soit édité un petit jeu sur un thème non-sportif. Nous réfléchissons en ce moment-même à ce que pourrait être un futur accord avec l’auteur. Pour le moment, on peut vous dire qu’on a quand même assez envie de se lancer, d’autant plus qu’on a déjà pas mal contribué au développement du prototype. Nous communiquerons sur ce sujet en temps voulu ; cela nous semble, là encore, un peu tôt.
Reconversion professionnelle
Tout en continuant de m’occuper de Worldwide Games, j’ai également dû réfléchir à mon avenir professionnel. Pour être tout à fait clair, le temps de travail passé sur Worldwide Tennis a été largement subventionné par Pôle Emploi : je ne peux pas vivre, aujourd’hui, de l’édition ludique. Il m’a donc fallu, en parallèle, imaginer un nouveau destin professionnel qui corresponde à la fois à mes aspirations et à mes compétences. Je prépare en ce moment des concours pour intégrer la fonction publique et des oraux décisifs se profilent, notamment au mois de mars. Il s’agit de ma priorité du moment et je souhaite garder une disponibilité intellectuelle absolue pour leur préparation.
Voilà, j’avais simplement envie de vous partager l’envers du décor qui n’est pas toujours « amazing ». Et même si je ne ferai pas ma traditionnelle escapade cannoise cette année, j’espère pouvoir en être l’an prochain avec de nouveaux projets et, je l’espère, un protocole sanitaire allégé voire inexistant. À vous qui allez à Cannes, joueurs, amis auteurs ou confrères éditeurs, je vous souhaite un bon festival : amusez-vous !